Retour sur la remise du Prix International Théophile Legrand de l'Innovation Textile
Fourmies : capitale mondiale de l’Innovation Textile !
Premier centre mondial de laine
peignée en 1875, deuxième capitale mondiale de production textile en 1880,
(après la ville de Roubaix), et capitale du fil de laine le plus fin au monde
dès la fin du 19ème siècle, la ville de Fourmies est devenue ce samedi 24
octobre 2009 la capitale du plus important Prix International de l'Innovation Textile !
18 000 € à se partager
C’est en effet devant une salle
comble, que Christian Cambier le fondateur de la fondation Théophile Legrand -
Institut de France et l'académicien Philippe Taquet ont remis une dotation de
18 000 euros à deux doctorantes ayant inventées le textile de demain. Il
s’agit de la plus importante attribution internationale accordée à des lauréats
de l’innovation textile. Cette remise de prix s’est déroulée au cours d’une
cérémonie de prestige au siège de l'écomusée de l'Avesnois : le musée du
textile et de la vie sociale à Fourmies. Six candidats et sept projets tous
plus innovants les uns que les autres ont été présentés au comité des experts
et membres du jury. Parmi les postulants, il y avait un Tunisien, un Belge et
quatre Français (Ahmed Hammouda, Daniel Henry, Aurélie Cayla, Marie
Podpovitny, Christelle Reti et Clémence Vagneur)
Du « textile intelligent »
à la fibre naturelle !
Parmi les projets présentés, il y avait notamment la création d’une pièce composite à renfort textile en 3D, à base de fibres naturelles et de résine, destinée à l’aéronautique. Un autre candidat a proposé un nouveau textile de protection solaire à partir de la fibre de verre et un nouveau « process industriel » permettant de « revisiter » les Crevés, à l’aide d’une technique « détournée ». Une candidate a créé un textile intelligent permettant de détecter des températures spécifiques (seuil de douleur, point de fusion…) ou des produits chimiques dans l’atmosphère. Une Alsacienne a inventé de son côté un prototype de vêtement de travail pour chirurgien dentiste capable de protéger des aérosols septiques, à partir d’une nouvelle matière textile et d’un procédé chimique innovant. Une étudiante a présenté une nouvelle fibre textile possédant des propriétés multifonctionnelles (« retard au feu », anti-bactériennes…) pouvant être utilisée notamment dans le domaine de l’isolation thermique… Un groupe d’étudiants de l’ENSAIT travaille sur un projet de développement d’un capteur textile intégral dans une coque de bateau permettant de détecter les déformations et les avaries. Ce capteur pourrait par la suite s’adapter à d’autres secteurs, comme l’automobile, le bâtiment ou l’aéronautique.
Un
textile capteur de températures !
Au regard des 7 projets présentés, le comité des experts a retenu à la majorité absolue le projet d’Aurélie Cayla pour l’obtention du premier prix de 10 000 €. Doctorante en science des matériaux à l’université USTL de Lille I, rattachée à GEMTEX (le laboratoire de GEnie et Matériaux TEXtiles à Roubaix) et étudiante à l'École nationale supérieure des arts et industries textiles de Roubaix (ENSAIT), Aurélie Cayla a créé « un textile intelligent permettant une mesure continue des contraintes ». Cette fibre innovante est capable de détecter des températures spécifiques (seuil de douleur, point de fusion...) et même des produits chimiques dans l’atmosphère, grâce à un filage de multi-filaments chargés en Nanotubes de Carbone. Ce nouveau « textile intelligent » pourra être intégré dans les équipements de protections individuelles, notamment ceux des sapeurs pompiers. Ces « capteurs textiles » seront aussi utilisés dans de nombreux autres secteurs économiques, allant du médical à la protection, en passant par le « bâtiment » et les travaux publics. Les membres du jury et du comité des experts a estimé que le projet d’Aurélie Cayla était le plus abouti et sans aucune contestation, il s’agit à leurs yeux du textile de demain le plus innovant. Son utilisation dans de nombreux secteurs économiques, allant du médical à la protection, en passant par le bâtiment, promet à ce nouveau « Textile intelligent » un avenir assuré et une production industrielle quasi immédiate.
Un textile « retard au feu » à base de fibres naturelles
ou agricoles
Christelle Reti, doctorante en chimie à l'École doctorale sciences de la matière du rayonnement et de l'environnement à l'université de Lille I, a pour sa part reçu un second prix d’une valeur de 8 000 €. Elle a présenté « un procédé innovant consistant à thermocoller, sur un textile d'origine agricole (le chanvre par exemple), un film à base d'un thermoplastique possédant des performances "retard au feu" ou antibactériennes très satisfaisantes », pouvant être développé dans l'isolation. Ce projet a aussi été jugé très innovant, car il tient compte des enjeux économiques du 21ème siècle et des préoccupations environnementales actuelles.
Un textile antitache révolutionnaire !
Cette cérémonie de l’innovation textile a aussi été une occasion pour mettre à l’honneur une jeune nordiste qui a inventé une collection originale de vêtements d’équitation à base de fibres textiles 100 % innovantes, comme par exemple des polaires, des chemises de concours, un polo « Dryfit » qui absorbe la transpiration ou un pantalon blanc antitache en « nanosphère » totalement révolutionnaire ! Cette nouvelle gamme de vêtements et de matière textile a été conçue par Stéphanie Malotaux, gérante de la société Starzup à Hellemmes. Destinés pour l’instant uniquement aux cavaliers, ces nouveaux vêtements pourraient très vite s’adapter à d’autres pratiques sportives. Stéphanie Malotaux a reçu à l’issue de sa prestation la médaille d’honneur de l’Assemblée Nationale des mains du député Jean-Luc Pérat.
Une fondation pour l’avenir !
La fondation est née en 2008 de la volonté de Christian Cambier. Ce dernier est un descendant en ligne directe de Théophile Legrand, l'homme par qui l'industrie textile était arrivée à Fourmies au 19ème siècle. Visionnaire, c'est lui qui a substitué au traditionnel rouet familial la machine à vapeur pour la production du fil. Ce Prix de l’Innovation Textile a récompensé 2 chercheurs capables d’inventer le textile de demain pour la création originale d’une fibre et d’une étoffe dans le domaine du textile ou par de nouveaux procédés de production industrielle textile. Il s’agit d’un concours international gratuit, ouvert aux chercheurs, aux doctorants ou aux étudiants de niveau Master. Son but est de favoriser l’innovation textile, la recherche, l’émulation et l’imagination en mettant en lumière la création technique ou industrielle. Une deuxième édition de ce prix est d’ores et déjà programmé pour 2010. La fondation souhaite également soutenir d’autres projets, comme le tissage du futur « nouveau théâtre de Fourmies » ou le concours de l’écharpe la plus longue du monde !
(Photo : La Voix du Nord)
Un écomusée
pour tisser un lien entre le passé, le présent et l’avenir !
Les
responsables de l’écomusée de l’avesnois sont particulièrement fiers d’avoir
participé à l’organisation de ce concours. Il reposait sur une idée forte de
mise en valeur de notre patrimoine, de nos richesses et de notre devenir. C’est
à leurs yeux un lien très fort entre l’histoire industrielle de Fourmies, le
présent en devenant une « locomotive » du développement touristique
du sud-Avesnois et l’avenir à travers les textiles de demain. Devant de
très nombreux chefs d’entreprises, des investisseurs et des chercheurs venus de
toute la France et de Belgique, la ville de Fourmies est redevenue l’espace
d’une journée une capitale mondiale du textile, mais pas n’importe
lequel : un textile innovant et intelligent !